Le 28 avril 1944, un exercice servant à la répétition du débarquement à Utah Beach, est programmé par l'état-major allié. Le lieu choisi pour cette opération se situe sur les côtes du Devonshire et notamment sur la plage de Slapton Sands qui ressemble à celle où doivent débarquer les troupes de la 4th Infantry Division. Pour des raisons de confidentialité, 3 000 personnes résidant dans les environs seront déplacées, pour une durée de un an.
L'exercice "Tiger" est le troisième du genre organisé par l'état-major en vue de l'opération Overlord. Ce 28 avril il concerne les troupes prévues pour la plage normande d'Utah dans lequel ont retrouve les unités suivantes:
* 4th Infantry Division.
* 101st Airborne Divsion.
* 82nd Airborne Division.
* 1st Engineers Spéciale Brigade.
* plus les unités navales et aériennes de soutien.
Le but est d'embarquer hommes et matériels et de les conduire à Slapton Sands. La première vague touchera terre après les bombardements navals et aériens suivi du saut des unités aéroportées. La seconde vague transportant les Engineers et tout le matériel de cette dernière se compose de 8 LST faisant partie du convoi T-4, ainsi que des LCT avec des équipages de l'armée de terre. Cependant le 27 avril les radars allemands de la côtes française, repèrent les signaux émis par les navires, l'information est immédiatement transmise à Cherbourg où se trouve une unité de vedettes lance-torpilles de la marine allemande.
Venant de "Tora Bay", le convoi T-4 navigue en pleine obscurité doublée par un épais brouillard, il fait route en direction des côtes du Devonshire. Les Allemands réagissent en montant une attaque à la torpille contre les navires alliés qui ne se doutent encore de rien, à 22h00 les vedettes lance-torpilles (E-Boot) quittent Cherbourg pour se porter au contact du T-4 allié.
Le convoi aperçoit des fusées éclairantes vers 0h00, dont il ignore la provenance, il s'agit en fait d'un signal lancé par les vedettes allemandes. Ce qui est surprenant c'est que le convoi T-4 ne bénificie d'aucune escorte, un destroyers devant assurer la couverture est rentré au port de Plymouth pour avaries aucune autre escorte n'a été prévue en remplacement. Pendant ce temps le QG de Plymouth, signal la sortie des E-Boot de Cherbourg et réalise que le T-4 ne possède aucune couverture, une vedette d'escorte britannique le HMS "Saladin" et le HMS "Tanatside" sont dépéchés pour assurer la protection du convoi qui se trouve à 17 mile de Portland. L'estimation de la rencontre avec le T-4 est d'environ 1heure 30mn.
Soudain, le LST 515 rapporte un tir de balles traçantes sur l'arrière du convoi, et le LST 507 qui se trouve en queue du T-4 signale que des balles traçantes ne le touchent pas, supposant que celà fait partie de l'exercice. Les vedettes allemandes S 136 et 138 manoeuvrent et lancent leurs torpilles sur le LST 507. Ce dernier est touché et un incendie incontrolable éclate dans la salle des machines, bientôt l'ordre d'abandon du navire est donné. La lueur de l'incendie est remarquée par les LST 515 et 531, au travers du brouillard, mais aucun message de détresse n'est capté et ils continuent leur route, croyant certainement que celà ne concerne pas le T-4. ( en réalité certains navires n'étaient pas branchés sur la même fréquence radio). Vers 2heures du matin le LST 531 est frappé à son tour par des torpilles lancées dans par les vedettes S 100 et S 143. Cette fois il donne l'alerte au reste du convoi, le navire est la proie des flammes et les survivants quittent le LST qui chavire avant de couler.
La confusion règne au sein du convoi les agresseurs restent introuvables seuls les échos radar signalent leur présence, mais la multitude de points qui apparaissent sur les écrans rend la distinction des signaux amis et ennemis très difficile. Les navires sont obligés de zizaguer pour échapper aux torpilles allemandes. Dans cette confusion le LST 511 est touché par erreur par une pièce du LCT 496, un autre LST le 289 est obligé de rompre le combat il à été frappé par une torpille sur l'arrière et son gouvernail est endommagé, il lance ses barges de débarquement avant de quitter la zone.
A 3 heures du matin les vedettes allemandes qui ont épuisées leur stock de torpilles mettent le cap sur Cherbourg. Tant bien que mal, le convoi se reforme est se dirige sur le port de Portland. Guidé par les lueurs des incendies le HMS "Saladin" arrive et repêche une cinquantaine de survivants qui s'accrochent à la coque d'un navire dépassant de l'eau, il est contraint d'abandonner d'autres naufragés, car il à ordre de rejoindre le reste du convoi. Des renforts sont demandés pour sauver les autres rescapés des navires coulés. Un peu plus tard le LST 515 accompagné du HMS "Onslow" retournent sur les lieux pour secourir d'autres naufragés et coulent les épaves qui restent.
La catastrophe, fait 749 morts parmis les marins et les troupes embarquées, ce qui provoque une vive émotion au sein de l'etat-major. Immédiatement après le drame, Montgomery ordonne une enquête pour analiser les causes de cette tragédie. Cependant une nouvelle bien plus alarmante parvient au quartier-général d'Eisenhower (le SHAEF), le major Ralph Ingersoll, qui conduit l'enquête se rend vite compte que 10 officiers "Bigots" (connaissant des informations sur le plan Overlord) sont portés disparus. Pour l'heure personne ne sait si des naufragés ont été secourus par les Allemands, si c'est le cas celà pourrait sérieusement remettre en cause les plans du débarquement, si certains de ces officiers ont été capturés ils pourraient parler. Dans cette situation il est fort probable que l'ennemi, soit en possession d'informations capitales, et celà serait suffisant pour tout annuler. La priorité est donc de retrouver coûte que coûte ces officiers pour lever le doute.
La tache n'est pas aisée car plus de 600 corps n'ont pas été retrouvés. Des navires sont envoyés sur les lieux pour ramasser les cadavres qui remontent en surface. Des plongeurs ainsi que des scaphandriers descendent inspecter les épaves des LST pour retrouver d'éventuels corps. Plusieurs jours passent dans une extrême tension pour le SHAEF, mais cependant, les corps des 10 officiers sont remontés un à un. Portant cette catasprophe n'empêche pas les exercices de continuer, début mai 1944, c'est au tour des troupes destinées à Omaha Beach qui participent à l'exercice "Fabius" dans le même secteur, mais cette fois il n'y aucune intrusion allemande et l'exercice est réussit à 75%.
Au terme de l'enquête la négligeance du commandement au sujet de l'escorte du convoi T-4 fut mise en évidence. Les morts du 28 avril furent secrètement inhumés dans une fosse commune dans une ferme du Sud-Ouest de l'Angleterre. Pour éviter toutes questions embarassantes, la totalité des pertes seront versées sur le compte du débarquement. Ce fiasco fut classé top secret car avec la proximité du débarquement celà aurait pû être défavorable au moral des troupes, ainsi que pour l'opinion publique, pourtant dès 1946, certains livres en font mention.