Beaucoup d'untés parachutiste cette nuit-là se sont retrouvés isolées. Pour les chefs ils fallait rassembler un maximum de combattants pour accomplir leur mission, quand il n'étaient pas aussi perdus. Le général Mawxell Taylor commandant la 101st division atterri dans un champ, totalement seul. Se débattant plusieures minutes avec son harnais récalcitrant, il ignore où il est, et Il va mettre encore du temps pour trouver la sortie du champ bordé par de grandes haies centenaires. Une fois sorti il rencontre un para du 3e bataillon du lieutenant-colonel Julian Ewell, et ils continuent leur prospection, en chemin ils rencontrent le général Anthony MacAuliffe, puis se sont 3 colonels, 1 commandant et plusieurs capitaines et lieutenants ainsi que des tas de secrétaires et spécialistes des transmissions qui se joingnent à eux.
Les spécialistes des transmissions n'avaient pas de postes radio. L'emetteur récepteur imposant du général Taylor avait été largué dans deux colis différents, et bien que un fut retrouvé le dernier restait introuvable. L'artillerie de la division ne pouvait appeller personne, ni obtenir par conséquent de réponse. Maxwell Taylor n'avait donc aucun moyen de communiquer avec le reste de l'unité, ni de découvrir où il se trouvait réellement ( Pendant une grande partie de la nuit, il ne put se convaincre qu'ilavait atterri au bon endroit). Ce fut seulement à l'aube qu'il distingua la silouhette caractéristique du clocher de Sainte-Marie-du-Mont à environ 1 500m à l'Est. Alors il admit qu'il se trouvait là où il devait être. Mais sans troupes à commander celà n'avait pas une grande importance.
Le 3e bataillon du 505th à Sainte-Mère-Eglise
C'est à Sainte-Mère-Eglise qu'eut lieu l'affrontement le plus sanglant pendant la nuit du débarquement. Deux groupes des 2e et 3e bataillon du 505th d'infanterie parachutiste avaient été largués par leur pilotes directement sur la ville, et sur les Allemands qui encadraient les civils qui faisaient la chaine pour éteindre l'incendie qui ravageait la maison inhabitée de mlle Julia Pommier,en bordure du square. Quelques parachutistes furent tués au cours de leur déscente, deux chargés d'explosifs sont tombés dans le brasier, plusieurs autres sont tombés dans les arbres de la place et furent tués, mais certains comme le soldat Ernest Blanchard a réussi à se dégager et s'enfuit hors de la ville. Dans sa précipitation pour couper son harnachement il se trancha un doigt, mais il ne s'en aperçut pas immédiatement. L'un des faits les plus étranges de cette nuit fut que les Allemands ne dérogèrent pas aux habitudes quotidiennes. Les raids aériens étaient devenus chose courante le long de la côte normande, mais le parachutage constituait un élément nouveau qui rend inexplicable cet attachement au train-train de la vie ordinaire. Donc la garnison de Sainte-Mère-Eglise se recoucha. Et quand le lieutenant-colonel Edward Krause, chef du 3e bataillon du 505th, atterri à 1 600 mètres à l'Ouest du village, exactement dans le champ qu'il avait choisi comme point de rassemblement, il eut la possibilité de lancer ses signaux pour attirer le reste de ses hommes et examiner les alentours sans rencontrer la résistance à laquelle il s'attendait. Il divisa rapidement ses forces en quatre groupes qu'il envoya dans des directions opposées pour receuillir les égarés, avec l'ordre d'être de retour dans 45 minutes. Ce coup de filet ramena quelque 90 parachutistes et un Français, un ivre qui resté dehors après le couvre-feu et qui révéla que le bataillon d'infanterie allemand cantonné dans le village était parti une semaine plus tôt, et avait laissé la place à une compgnie de transports. Krause réorganisa les hommes dont il disposait pour en faire deux compagnies qui se mirent en marche vers le village en progressant le long des haies. Il donna l'ordre de ne tirer aucun coup de feu, jusqu'à ce que se le jour se lève : << Utilisez vos grenades, vos couteaux et vos baïonnettes >>. En apercevant à la lueur de l'aube la ligne des maisons du village, il détacha 6 patrouilles pour établir des obstacles sur toutes les routes d'accès et de sortie, sauf sur celle qu'il comptait utiliser lui-même.Après avoir estimé que les patrouilles devaient être en place, laissant derrière lui le reste de ses hommes, il se glissa dans le bourg, là où se trouvait le câble qui transmettait toutes les communications allemandes venant de Cherbourg, et le sectionna. Enfin il fit venir le gros de sa troupe et lui ordonna de fouiller les maisons autours de la place de l'eglise. Une trentaine d'Allemands furent surpris dans leur lit et faits prisonniers, 11 autres furent abattus, tandis que certains probablement plus nombreux s'enfuirent dans la campagne. A 5 heures du matin il envoya un courrier pour trouver le commandant du régiment, le colonel William Ekman, avec le message suivant :<< Je suis à Sainte-Mère-Eglise >>. Une heure plus tard, un second message suivit :<< J'occupe Sainte-Mère-Eglise >>. Mais le courrier prit une mauvaise direction.
Ce matin là bien des messages devaient se perdre, d'autres ne furent pas envoyés fautes de moyens de transmissions, si bien que le cas des deux dépêches de Krause n'a rien d'extraordinaire. L'un deux ne fut pas entièrement perdu puisqu'il parvint au général Ridgway, mais le porteur omit de dire quel en était le véritable destinataire, et le général n'avait pas le poste de radio nécessaire pour demander au colonel Ekman, qui se trouvait à 900 mètres de là si la nouvelle lui était parvenue par une autre route. De plus il pensait principalement au combat qui aurait pour objectif les ponts sur le Merderet. Aussi Ekman continua-t-il à croire jusqu'au milieu de la matinée que Sainte-Mère-Eglise était aux mains des Allemands, ce qui compliqua le déploiement de ses trois bataillons.
Le 2e bataillon que commandait le lieutenant-colonel Benjamin Vandervoort, avait fait l'un des rares atterrissages précis et compacts de la nuit: le jour venu il comptait 575 hommes sur les 630 qui avaient sautés. Vandervoort s'était cassé une cheville en arrivant au sol, ainsi que de nombreux officiers supérieurs aux os rendus fragiles par un âge relativement plus élevé, là ou les simples soldats supportaient sans dommage le même choc. Il avait réquisitionné une petite charette à bras servant au transport des bidons de lait pour la traite des vaches, il avait ordonné à ses hommes de le rouler en avant jusqu'au champ de bataille. Sa mission était d'occuper les voies d'approches au Nord de Sainte-Mère-Eglise, en établissant particulièrement un barrage à Neuville-au-Plain, village à cheval sur la RN 13, par laquelle une contre-attaque allemande était prévisible. A 6h15, il y était presque parvenu quand il reçut l'ordre du colonel Ekman avec lequel il était en contact radio, de " demeurer sur place". Pendant une heure trois quart il n'eut aucune nouvelle puis à 8heures, suivit une série d'ordres et contrordres, caractéristiques d'une situation aussi fluide. Ekman lui envoya les messages suivants : "N'ai aucune nouvelle du 3e bataillon.". A 8h10 : " Faites marche arrière et prenez Saint-Mère-Eglise". 8h16 : " Avancez sur Neuville; je crois que le 3e bataillon est à Sainte-Mère-Eglise". 8h17 :<< Annulez l'ordre précédent avancez sur Sainte-Mère-Eglise >>. Vandervoort ordonna immédiatement à son unité de revenir sur ses pas, mais non sans en détacher un peleton de 41 parachutistes, commandé par le lieutenant Turner Turnbull, qui devait organiser une première défense de Neuville-au-Plain.
Turnbull était à demi amérindien. On l'appelait le "Chef" au bataillon, et il était hautement respecté pour ses qualités de combattant, dont il allait pleinement prouver la valeur. Emmenant ses hommes au pas de gymnastique, il atteignit Neuville en quelques minutes. Neuville était à peine plus un hameau, et l'axe Est-Ouest était assez court pour que le peleton pût le tenir sur toute sa longueur. A l'Ouest se trouvait un verger bordé de champs découverts avec à droite, l'une de ces hautes haies normande qui existait déjà quand Guillame le Conquérant parti pour l'Angleterre. Turnbull plaça près du verger une escouade de 10 paras et une mitrailleuse qu'il avait récupérée; un grand tas de fumier protégeait son flanc. le reste du peleton s'installa derrière la haie. Dans un batiment donnant sur la route nationale, trois hommes prirent place avec un bazooka, il n'y avait qu'a attendre. Environ 20 minutes plus tard, les hommes dissimulés derrière la haie aperçurent une colonne de soldats allemands qui approchaient par la route. C'était une compagnie du 1058e régiment d'infanterie, de la 91e division. L'escouade du verger qui était un peu plus en avant attendaient que la colonne se rapproche encore un peu. Quand la tête de la colonne fut à peu près à la bonne distance, le mitrailleur ouvrit le feu. Les Allemands, apparemment sans perte aucune s'égaillèrent dans les fossés. Certains d'entre eux ripostèrent, blessant ausitôt le lieutenant Isaac Michaelman, chef d'escouade.
Au même moment survint Vandervoort qui avait trouvé une jeep à Sainte-Mère-Eglise, dans un des planeurs qui avait apporté le matériel lourd de la division, 3 heures après le parachutage. Elle remorquait un canon antichar de 57 mm. il entendit les coups de feu, puis vit diparaître la colonne allemande dans les broussailles et demanda à l'équipe du bazooka ce qu'il se passait. Derrière la haie les hommes de Turnbull avaient remarqués des Allemands qui quittaient la route pour les contourner par le flanc. Ils entrèrent en action avec leurs deux mitrailleuses de 30mm, deux FM Bar et quinze fusils M1. encouragé par tout ce bruit mais incapable se rendre compte par lui-même de ce qui se passait le lieutenant-colonel Vandervoort envoya une estafette à Turnbull pour lui demander << Que faites-vous? Avez-vous besoin d'aide ? >>L'homme revint avec une réponse rassurante: << Ok, je contrôle la situation. Ne vous en faites pas pour moi. >>
Se fiant à la réputation de celui que les hommes avaient surnommé le "Chef", Vandervoort laissa le canon sur place et reparti à Sainte-Mère-Eglise. De retour à la localité il envoi le 1er peleton de la compagnie E pour couvrir le repli de Turnbull, qui commence à être encerclé par les Allemands. La position du "Chef" est prête à s'effondrer. Sur les 41 parachutistes dont il disposait il ne sont plus que 16 les autres sont morts et les blessés attendent sur des brancards le long d'un talus de la haie. Turnbull rassembla ses hommes et leur dit qu'il faut laisser les bléssés sur place. Le brancardier Kelly propose de rester auprès d'eux pour éviter qu''ils ne soient tués par les Allemands, le soldat Sebastian se porta aussi volontaire pour rester, afin de tenir à distance les ennemis avec son fusil-mitrailleur Browning, deux autres soldats choisissent de prêter main forte à Sebastian, mais l'un deux, le sergent Niland est tué. Turnbull et son petit groupe quittent au pas de gymnastique, la position en direction de Sainte-Mère-Eglise, en chemin ils traversent sans s'en apercevoir une la ligne de tirailleurs du lieutenant Théodore L. Peterson, du 1er peleton, envoyé par Vandervoort pour aider le "Chef" à dégager sa position. Au retour de Turnbull , des observateurs signalent que les Allemands se regroupent vers Neuville pour pouvoir déferler sur Sainte-Mère-Eglise par le Nord. Avec l'aide d'un lieutenant de l'US Navy, Vandervoort fait tirer la marine. Vers 21h45 l'USS Nevada envoit une salve de 18 obus sur les positions allemandes eliminant de fait toute contre-attaque sur ce secteur.
Le lieutenant-colonel Benjamin Vandervoort commandant le 2e bataillon du 505th PIR de la 82nd Airborne. Il refusa q'un toubib examine sa cheville brisée et combattu plusieurs jours sans soins. Le général Ridgway avait pour lui une grande estime.
Le lieutenant Turner Turnbull. Il fut en mesure d'arrêter une contre-attaque allemande venue du Nord . Pendant plusieurs heures il réussit à défendre le hameau de Neuville avec une poignée de ses parachutistes .Il fut tué le 7 juin par obus de mortier lors d'une contre-attaque allemande visant à reprendre Sainte-Mère-Eglise.
Le lieutenant-colonel Edward C.Krause commandant le 3e baillon du 505th PIR, ses hommes l'avaient surnomé "Cannonball" (le boulet de canon), certains affirment qu'il possédait un language peu orthodoxe pour un officier.
Le 6 juin au matin les paras du 505th patrouillent dans Sainte-Mère-Eglise, deux d'entre eux montent des chevaux pris aux Allemands.