1ere Division blindée polonaise.
En 1939, une forte proportion de Polonais civils ou militaires parvient à fuir le pays pour gagner la France et l'Angleterre via la Hongrie ou la Roumanie. Après la capitulation de la France, certains Polonais ayant participé à la campagne de 1940, se retrouvent en Grande-Bretagne. Il y a parmis eux notament le général de brigade Stanislaw Maczek qui après avoir vaillament combattu en Côte-d'Or avec sa 10e Brigade de Cavalerie, qui était chargé de la couverture d'une division française, doit abandonner et détruire son matériel, faute de carburant pour continuer. Il donne alors à ses hommes rendez-vous en Angleterre. Il part tout d'abord pour l'Afrique du Nord avant de rejoindre la Grande-Bretagne.
Dès 1940, le gouvernement polonais en éxil, souhaite la création de forces nationales qui devront combattre sur le front Ouest sous commandement britannique. Ce fut le cas pour la 1ere division polonaise composée de Polonais éxilés mais aussi de certains issuent de la diaspora ou d'autres pays, comme l'Argentine, la Belgique, le Canada, les Etats-Unis et la France (dont une poignée vient du Calvados).
La 1ere division débarque en Normandie fin juillet 1944, elle est rattachée au 2e Corps canadien du général Simmonds, et dépend de la 1ere armée canadienne commandé par le général Crear. Le 4 août elle doit se préparer pour le début de l'opération Totalize au côtés de la 4e DB canadienne. Subissant des pertes, face à la détermination d'éléments allemands, notamment de la 12e SS Panzerdivision "Hitlerjugend", l'intervention du 24e lancier parvient à sortir la force Worthington de la 4e DB de l'encerclement.
Du 17 au 18 août, alors que les Canadiens combattent pour la libération de Falaise, la 1ere DB polonaise libère les bourgs de Jort et Morteaux-Couliboeuf, mais Montgomery la détourne de son prochain objectif Trun laissé alors aux Canadiens pour l'orienter dans le secteur de Chambois-Coudehard non loin d'Argentan. Le but étant de faire la jonction avec les Américains du Ve Corps d'armée du général Léonard T. Gerow (comprenant les 80th, 90th et 2e DB française) qui arrivent du Sud. Cette manoeuvre doit permettre d'encercler les restes de la 7e armée allemande qui tente de s'extraire de la poche de Falaise. Montgomery dit au général Maczek:
<< Vous êtes le bouchon de la bouteille, tâchez de tenir bon >>. Le général polonais scinde alors sa division en trois groupes de combats.
* le groupement Stefanewicz (1er RB et 9e chasseurs) doit se porter sur le mont Ormel, nom de code "Maczuga", ce qui signifie en polonais " Massue", point culminant de la région permettant de maintenir les colonnes allemandes sous le feu.
* Le groupement Koszutski (8e chassurs et 2e RB) pour le secteur de Coudehard.
* Le groupement Zgorselski ( 10e dragons, 10e chasseurs à cheval et 24e lancier ) en direction de Chambois.
A partir du 19 août 1944, la 1ere DB polonaise peut entamer sa pression sur les forces allemandes. Un des groupements mal guidé par un civil français qui à crut comprendre que les Polonais voulaient se diriger vers Champeaux ( au lieu de Chambois), arrive en plein sur le QG de la 2e Panzerdivision. Un rude combat s'engage mais sera remporté par les Polonais.
Pendant ce temps, le groupement Stefanewicz arrive sur le mont Ormel et y attend les blindés canadiens encore aux prises avec les arrières gardes allemandes à Saint-Lambert-sur-Dive, dont le pont qui franchit la Dive et le seul passage avec celui à gué de Moisy. Cette rivière est certes petite mais très encaissée.
Le même jour le major Waters du 358th de la 90th division américaine pénètre dans Chambois et y aperçoit deux officiers qu'il prend d'abord pour des Britanniques, en réalité il s'agit du major Zgorselski et un de ses subordonnés. A ce moment-là la poche de Falaise est presque pratiquement fermée. Pendant deux jours les contre-attaques allemandes vont se succèder sur le secteur pour tenter de forcer le passage.
Cependant le groupement de combat de Stefanewicz est toujours isolé sur les hauteurs du mont Ormel dominant ce qui allait être le tristement célèbre "Couloir de la Mort" au milieu de 100 000 Allemands battant en retraite. Lorsque le général Paul Hausser commandant la 7e Armée apprend celà il entre en relation avec le feld-maréchal von Kluge, Eberbach ( Ve Panzerarmée), Bittrich (IIe corps blindé SS) et Meindl (IIe corps de parachutiste) et ordonne une contre-attaque conjointe pour forcer le passage. le IIe corps de parachutiste (353e DI et 3e division para) lancera un attaque depuis l'extrémité Est de la poche sur Coudehard, tandis que les Kampfgruppen des 2e division SS "Das Reich" et 9e Panzerdivision SS "Hohenstaufen" forceront le secteur polono-canadien. le 21 une préparation d'artillerie minutieuse allemande tombe sur la Massue, puis les restes du SS-Panzergrenadiers Regiment 4 "Der Führer" de la 2e division "Das Reich" s'élancent sur les pentes du mont Ormel en chantant " Deutchland uber alles". S'engage alors un féroce combat et les hommes de Stefanewicz repoussent plusieurs fois les Waffen SS, mais bientôt les munitions viennent à manquer et les Polonais vont alors se battre au couteau, à la baïonnette, avec leurs casques, à mains nues, voire au tesson de bouteille. Un officier de chasseurs va ordonner à ses hommes qui possèdent encore des munitions de tirer sur les Allemands à bout portant. Dans un petit bois aux alentours on va même assister à des combats à la grenade d'arbre en arbre. Une troisième contre-attaque engageant les restes du IIe corps de parachutistes s'engage sur Coudehard, et avec la pression exercée par les blindés SS, les lignes polonaises doivent lâcher prises en plusieurs endroits. Sentant la fin proche Stefanewicz déclare à ses officiers:
<< Messieurs, c'est la fin, il est inutile de se rendre aux SS. Mourrons pour la Pologne et la civilisation >>."
Le matin du 22, les blindés canadiens du 22e RB ( Canadian grenadiers Guards) dégagent enfin Saint-Lambert-sur-Dive et parviennent au pied du mont Ormel. Les chasseurs à pied s'élancent en hurlant dans une furieuse contre-attaque qui a pour effet de briser l'isolement. Certains soldats canadiens affirment que des fantassins polonais leur sont tombés dans les bras en pleurant. Le 22 tout est terminé et la Bataille de Normandie est finie. La 1ere DB polonaise dénombre près de 2000 pertes depuis son premier engagement et sur le mont Ormel on compta une centaine de morts et près de 1 000 blessés. Seulement une soixantaine de rescapés étaient encore en état de se battre. Les Canadiens ne vont pas tarder à baptiser l'endroit " Polish batterfield" (le champ de bataille polonais).
Le "bouchon" a tenu bon, mais la lenteur des Canadiens ajoutées aux réticences de Bradley de lancer ses forces plus au nord, ont permis au meilleurs unités allemandes et un bon nombre d'officiers supérieurs ( Hausser, Meindl...) de pouvoir s'échapper. Cependant le sacrifice des Polonais ne fut pas vain, puisque les Alliés ont pu faire définitivement sauter le verrou normand. Même s'ils ont perdus des effectifs, les hommes de Maczek ont rendus coup pour coup à l'ennemi, de part de leur ardeur au combat, leur courage et l'esprit de revanche qui les animait. Pour ce fait d'arme, le général Maczek sera fait grand officier de la Légion d'honneur par le général Charles de Gaulle.
Fin août la 1ere DB toujours rattachée à la 1ere armée canadienne passe la Seine et libère Abbeville (où le général Maczek sera fait citoyen d'honneur) et Saint-Omer, puis se dirige sur la Belgique où elle délivre Ypres. Elle participe ensuite à la Bataille de l'Escaut, mais sera faiblement engagée dans les Ardennes en hivers 1944. C'est au cours d'un accrochage dans le secteur ardennais que le prince André Poniatowski trouve la mort, celui-ci était un descendant du maréchal Napoléon.
En mars-avril 1945, la division prend part à le libération de la Hollande, puis tremine la guerre par la prise du port allemand de Wilhemshaven où elle receuille bon nombre de prisonniers polonais. La 1ere DB polonaise est dissoute en juin 1947, et suite aux accords de Postdam, la Pologne devant tomber dans le girond soviétique, beaucoups d'anciens soldats qui avaint combattus sur le front Ouest se retrouvent déchus de leur nationalité et ne purent pas rentrer dans leur pays. Ils ne peuvent également pas participer au défilé de la victoire à Londres. Un bon nombre d'anciens de la 1ere division ont bravés les interdits et ont pus retrouver leur patrie natale. Les autres sont forcés à l'exil dans différents pays d'Occident et beaucoup ont connus une difficile réinsertion, à l'image du général Maczek prématurement mis à la retraite qui finira sa vie comme vendeur de journaux et barman à Edimbourg.
Les soldats polonais tombés en Normandie reposent au cimetière militaire d'Urville-Lagannerie dans le Calvados entre Caen et Falaise. La 1ere division deviendra la 1ere division blindée polonaise, sous les ordres de Stanislas Maczek et sera formée à la britannique. Une brigade blindée, une brigade d'infanterie motorisée, une forte artillerie, ainsi que tous les services auxiliaires, de maintenance, du génie, de transmission et de d'approvisionnement. Elle passe près de quatre ans à l'entrainement en Ecosse et en 1944 son effectif se compose de 13 000 hommes. Unité de tradition son emblème représente un casque ailé qui rappèle les valeureux hussards polonais qui resteront pendant trois siècles de redoutables cavaliers contre les Cosaques et les Turcs.
Insigne divisionnaire.
Le général Stanislaw Maczek, commandant l'unité. Comme de milliers d'autres de ses compatriotes il ne put jamais retourner dans son pays après la guerre.
Les généraux Maczek et Montgomery.
Sud de Caen août 1944, le lieutenant Jerzy Januszajtis de la 1ere Division Blindée polonaise filme le départ des blindés au début de l'opération Totalize. ( ).
Blindés de la 1ere DB polonaise rassemblés sur la ligne de départ de l'opération Totalize.
Convoi allemand détruit dans le secteur de Chambois.
Le cimetière militaire polonais d'Urville-Lagannerie, regroupe les soldats tombés durant la Bataille de Normandie.