Général Charles de Gaulle. L'homme de Londres, leader de la France libre.
Bien que né à Lille le 22 novembre 1890, Charles de Gaulle réside avec ses parents Henri et Jeanne à Paris au 15 avenue de Breteuil. Son père est professeur de lettres, histoire et mathématiques au collège de l'Immaculée-Conception de Paris, dirigé par des Jésuites. Charles est le troisième enfants du couple et après lui deux garçons vont naitres.
Charles fait une partie de ses études primaires à l'école des Frères des Ecoles chrétiennes de la paroisse Saint-Thomas-d'Aquin. Par la suite il poursuivra ses études chez les Jésuites français en Belgique, au château d'Antoing, ce sera sa première expérience d'éxil. En 1908 il entre à la 119e place à l'école militaire de Saint-Cyr, après avoir fait ses classes préparatoires au collège privé catholique Stanislas de Paris. Il sort de l'école militaire en 1912, à la 13e place au grade de sous-lieutenant et choisit d'être affecté au 33e Régiment d'infanterie d'Arras, alors commandé par le colonel Philippe Pétain.
Quand la 1ere guerre éclate il est lieutenant il est blessé au genou lors de son premier combat à Dinant le 15 août 1914. Il rejoint le 33e RI sur le front de Champagne et reçoit le commandement de la 7e compagnie. En janvier 1915, de Gaulle est promu capitaine, et sera de nouveau blessé le 10 mars 1915 à la main gauche pendant la bataille de la Somme. Il désobeit aux ordres de ses supérieurs en ordonnant à ses hommes de tirer sur les lignes ennemies, ce qui lui vaut 8 jours de suspension. Malgrè celà le capitaine de Gaulle, officier tatillion et volontier cassant qui fait preuve au feu de grandes qualités tactiques se fait remarquer par son commandant qui lui offre d'être son adjoint.
Le 2 mars 1916, son régiment et presque entièrement décimé en défendant le village de Douaumont dans le secteur de Verdun. Sa compagnie est anéantie au cours du combat et les survivants sont encerclés. Tentant une percée, la violence du combat l'oblige à sauter dans un trou d'obus pour se protéger, mais poursuivit par des Allemands, il est blessé à la cuisse gauche par un coup de baïonette et fait prisonnier. Après une tentative d'évasion manquée il est transféré dans le camp d'Ingolstadt en Bavière, ce camp est pour les officiers jugés remuants. il y restera jusqu'à la fin de la guerre, ayant tenté de s'évader cinq fois en vain, Libéré après l'armistice, il retrouve les siens, mais cette captivité le marque profondément devenant amer se qualifiant de "soldat inutile qui n'a servi à rien". En juillet 1919, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur et la croix de guerre 1914-1918 avec étoile.
Pendant l'entre-deux-guerres Charles de Gaulle reste dans l'armée. Envoyé en Pologne de 1919 à 1921 il participe à la formation de la nouvelle armée polonaise et donne des conférences. Il épouse Yvonne Vendroux le 7 avril 1921, et le couple aura trois enfants. L'ainé Philippe né en décembre 1921, deviendra amiral ( il fera partie de la 2eDB pendant la deuxième guerre) puis sénateur. Le capitaine de Gaulle poursuit sa carrière et sera tour à tour professeur d'histoire à l'Ecole de Saint-Cyr, puis admis à l'Ecole supérieur de guerre, mais entra en conflit avec ses supérieurs dont il conteste la vision statégique du terrain. Il sera mal noté, mais continu à se forger une réputation prometteuse. Depuis la première guerre mondiale Charles bénéficie de la protection du Maréchal Pétain et ce dernier interviendra personnellement en 1924 pour faire rectifier les notes jugées injustes infligées au capitaine. Promu chef de bataillon en 1927 et se rend à Trèves pour prendre le commandement du 19e bataillon de chasseurs à pied, il y dispense un commandement energique et continu à donner des conférences. Grâce à l'appui du Maréchal Pétain, il entre au Secrétariat général de la Défense nationale de Paris en 1933. Il est chargé de travailler au projet de loi militaire et fin 1933 il est nommé lieutenant-colonel. Promu colonel en 1937 il reçoit le commandement du 507e RCC (régiment de chars de combat) basé au quartier Lizé à Montigny-les-Metz. Participant à de grandes manoeuvres en 1937, il tente d'imposer contre le réglement sa vision autonome de l'usage des blindés, ce qui lui vaudra l'hostilité du général Giraud qui se trouve être son supérieur.
En janvier 1940 il envoie à quatre-vingt personnalitées dont Léon Blum et Paul Reynaud, ainsi qu'aux généraux Gamellin et Weygand, un mémorandum intitulé "L'avénement de la force mécanique" fondé sur l'attaque de la pologne par l'Allemagne. Ce texte insiste sur la nécessitée d'allier les blindées à l'aviation. Au lendemain de l'attaque de la France par les Allemands, le colonel de Gaulle reçoit le commandement de la 4e DCR, la plus imposante division de chars (364 blindés), il prend ses fonctions le 11 mai. Le colonel de Gaulle va diriger la 4e Division jusqu'à la fin mai, où il enregistre quelques succès, notamment le 28 , les chars français attaquent à deux reprises une poche de résistance allemande au sud d'Abbeville capturant près de 400 prisonniers, mais face à la supérorité de l'artillerie allemande les chars de de Gaulle ne peuvent pas franchir la Somme et devront le faire au nord , mais la deuxieme attaque ne permettra pas à la 4e DCR d'entrer dans Abbeville. Entre-temps de Gaulle est nommé général de brigade à titre temporaire.
Le 6 juin 1940 Charles de Gaulle est rappelé en urgence à Paris et sera nommé sous-secrétaire d'Etat à la Guerre et de la Défense nationale dans le gouvernement de Paul Reynaud. Il rencontre le 9 juin le premier ministre britannique Winston Churchill pour lui demander en vain d'engager plus de forces dans la bataille, notamment de l'aviation. Le lendemain de Gaulle quitte Paris déclarée "ville ouverte" et se rend à la conférence de Briare qui sera l'avant dernière réunion du Comité suprême interallié au cours de laquelle Churchill tente de convaincre le gouvernement français de continuer la guerre. Le 16 juin Charles de Gaulle part en mission à Londres il y dicte au téléphone la note de Jean Monnet à Paul Reynaud intitulée "Anglo-French Unity". De retour à Bordeaux il apprend la démission du président du Conseil Paul Reynaud et le même jour le général Maxime Weygand alors chef d'état-major de l'armée française est nommé ministre de la Défense nationale, Charles de Gaulle se retrouve exclu du gouvernement.
Le 18 juin 1940 à Londres via les ondes de la BBC, il appelle les Français à la résistance depuis sa retraite britannique. Cet appel sera entendu en France à 19heures et ce texte restera l'une des plus célèbres allocutions de l'Histoire de France, aucun enregistrement ne sera conservé, contrairement à celui du 22 juin 1940 qui sera souvent confondu avec le véritable appel. Le 19 juin Weygand ordonne à de Gaulle de rentrer en France, devant le refus de ce dernier il le rétrograde au rang de colonel et convoque succéssivement deux tribunaux militaires, alors que le premier prononce une peine légère, le second condamne à mort par contumace le chef de la France libre le 2 août 1940.
Depuis Londres, de Gaulle va créer et prendre le commandement des Forces françaises libres. Son but n'est pas de mettre en place une légion de volontaires qui continuerait la lutte aux côtés des Britanniques, mais remettre la France en tant que telle dans la guerre contre Hitler, en formant une armée et un contre-Etat doté de tous les attributs de souveraineté et de légitimité, et qui se donne une base territoriale en ralliant les territoires de l'Empire colonial, futur plate-forme de la reconquête.
C'est ainsi que dès l'été 1940, à partir de presque rien, aidé par un groupe de volontaires, de Gaulle jète les bases d'une marine (FNFL), d'une aviation (FAFL) de forces terrestres (FFL), et d'un service de renseignements (BCRA). La Croix de Lorraine est choisi comme emblème suite à la proposition de l'amiral Muselier. Les statuts juridiques de France libre avec le gouvernement anglais sont fixés par René Cassin. La France libre à bientôt sa banque, son journal officiel et ses décorations. De Gaulle fonde dès octobre 1940 l'Ordre de la Libération à Brazzaville, pour honorer ses Compagnons. Des comités français libres actifs dans le monde entier se constituent et tentent de rallier à de Gaulle les Français de l'étranger.
Les relations du général français avec Winston Churchill, sont plutôt bonnes malgrè quelques prises de bec mémorables, cependant le "vieux lion" britannique lui apporte son soutien. Avec l'arrivée des Américains dans la guerre en Europe, les tensions seront plus nombreuses avec le president Franklin Delano Roosevelt, qui ne lui fait pas confiance et ne reconnait pas la légitimité de Charles de Gaulle. Le président américain personnellement francophile à été déçu par l'effondrement de la France et refroidi à l'égard de de Gaulle par l'échec de son entreprise devant Dakar en setembre 1940. Les antigaullistes sont nombreux à Washington, à l'image de l'ancien secrétaire général du Quai d'Orsay Alexis Léger (installé aux Etats-Unis) qui qualifie de Gaulle 'd'apprenti dictateur". Roosevelt est très mal informé de ce qui se passe en France par l'ambassadeur américain à Vichy (jusqu'en 1942), lui-même intoxiqué par les Pétainisites. Le président Roosevelt projettait de faire de la France un Etat faible et le projet de "l'Allied Military Governement Occupied Territories" (AMGOT) allait très loin dans se sens, traitant la France comme un vaincu, plutôt qu'une puissance victorieuse.
Exclu par Roosevelt du débarquement Anglo-américain en Afrique du Nord (opération Torch), de Gaulle réussi néanmoins à prendre pied à Alger en mai 1943, il y fonde avec Henri Giraud le Comité français de la libération nationale ( CFLN ) et en prend bientôt la tête seul. Le 3 juin 1944 à Alger, le CFLN devient le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Après le débarquement de Normandie de Gaulle fait son retour en France sur la plage de Courseulles-sur-Mer le 14 juin 1944, à bord du torpilleur "La Combattante". Délibérément averti tardivement du débarquement en Normandie, de Gaulle, souhaite symboliquement poser le pied sur le sol natal pour rencontrer les populations des premières villes libérées. De ce fait il va déjouer les intentions américaines de céer une monnaie en Europe sous leur influence. Son premier discours se fait le jour même à Bayeux devant une foule enthousiaste, les Français découvrent enfin son imposante silhouette, de Gaulle mesurait 1m93. L'acceuil chaleureux de la population confirma la légitimité du général dans son combat et dissuada les Américains de placer la France sous leur administration. De Gaulle pu ainsi former le gouvernement provisoire après la libération.
Après la libération, alors président de Gouvernement provisoire de Gaulle entreprend de nombreuses réformes et accorde le droit de vote aux femmes. Le 20 juin 1946 il remet sa démission sur la question des crédits militaires au président de l'Assemblée Nationale Félix Gouin. Il a remplit ses objectifs qu'il s'étaient donné le 18 juin 1940: libérer le pays, rétablir la République, organiser des éléctions libres démocratiques et entreprendre la modernisation économique et sociale. Le général de Gaulle entama une "traversée du désert" jusqu'en 1958 date à laquelle il est rappelé à la tête de l'Etat. Le 5 octobre 1958 il fonde alors la Ve République et occupa la présidence de 1959 à 1969 avant de démissioner suites aux troubles sur la question algérienne. Durant ses deux mandats le général de Gaulle échappa par trois fois à des tentatives d'assassinats, dont le plus célèbre reste celui du Petit Clamart, organisé par des membres de l'OAS, hostiles à la politique du général en Algérie.
Retiré de la politique Charles de Gaulle demeure dans sa propriétée à Colombey-les-Deux-Eglises en Haute-Marne. Il y mène une existence paisible et rédige ses mémoires ainsi que de nombreux ouvrages. Le 9 novembre 1970, il se trouve dans son bureau et fait une partie de patience (cartes) à 19h10 il est pris d'un malaise causé par une rupture d'anévrisme et vingt minutes plus tard le vieux général s'éteint. La nouvelle ne sera rendue publique que le lendemain. Ses obsèques eurent lieux à Colombey-les-Deux-Eglises en présence d'une foule importante avec une délégation des armées françaises, seule présence officielle autorisée selon les souhaits du général. Son testament rédigé en trois exemplaires en 1952 reste clair sur la question de l'enterrement.
<< Je veux être enterré à Colombey>>
<< A mes obsèques, ni présidents, ni ministres, ni n'importe quels autres représentants de quelconque assemblée >> ( Le ministre des Finances de l'époque, Valery Giscard d'Estaing tout de même présent argumente qu'il est là comme simple citoyen.
<< Seules les armées françaises, mais par une participation très modeste... et les Compagnons de la Libération sont autorisées à assister >>.
<< Sur ma tombe: Charles de Gaulle 1890... Rien d'autres >>.
<< Je déclare refuser d'avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration qu'elle soit française ou étrangère. Si une quelconque m'était décerné, ce serait une violation de mes dernières volontés >>.
Maison natale de Charles de Gaulle à Lille. (Photo taken Remi Jouan ).
Charles de Gaulle durant la première guerre mondiale.
En 1939, le président Albert Lebrun et le colonel Charles de Gaulle.
L'Appel du 18 juin 1940, bien que célèbre cette photo ne date pas du 18 juin, car aucun document photographique ou sonore n'a été enregistré à cette date. Ce cliché provient certainement du 22 juin où le général de Gaulle s'est adressé pour la seconde fois aux Français sur Radio Londres.
Angleterre 1940, le général passe en revue les Forces Françaises navales libres (FFNL).
Phillipe de Gaulle, fils aîné du général qui pendant la seconde guerre occupait un poste d'officier dans la 2e DB française du général Leclerc.
Winston Churchill et Charles de Gaulle en 1944. Depuis 1940, le Premier ministre britannique à toujours soutenu le général français dans son action. ( Photo No HU 60057 from the Imperial War Museum Collection ).
Portrait du général dans sa période britannique en 1942. (photo (L-USW3) at the Library of Congress ).
Photo officielle de la présidence .
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