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Normandie-1944, L'été de la Liberté
22 février 2012

Opération Goodwood. (3e partie). La défense allemande s'organise.

Le Major von Luck arrive à Cagny. La localité est vide, aucune trace de ses troupes. la moitié du bourg a été rasé par les bombes. Se trouvant près de l'église, il voit passer une  trentaine de Sherman britanniques qui traversent la route un peu plus loin vers l'Ouest et se dirigent au Sud. Von Luck, regarde en direction du Nord-Ouest où se trouve les compagnies de    grenadiers, mais aucun signe de vie. Il pense alors que le bombardement et le barrage d'artillerie ont détruit le bataillon. Il réalise ce qu'il se passe, et se prépare à regagner son PC pour monter une contre attaque des chars Tigres bien supérieurs aux Sherman. Tout près de l'église il se trouve nez à nez avec une batterie de Flack (Sturm-Flack-Regiment 2) qui pointe ses quatre pièces de 88 vers le ciel. Le Major saute à terre et accourt à la batterie. Un jeune officier de la Luftwaffe vient à sa rencontre et lui demande ce qui se passe ici, von Luck lui répond séchement:

   << Mon Dieu, que faites-vous ici? Avez-vous une idée de ce qui se passe sur votre gauche? >>. Le jeune capitaine répond calmement << J'appartiens à un groupe de Flack qui doit protéger les usines et la ville de Caen, j'attend le prochain raid>>. Von Luck essaie de garder son sang-froid, devant l'attitude du jeune homme. << Des tanks ennemis vous ont déjà dépassé. Au Nord ça grouille de tanks. Vous allez immédiatement vous mettre en position sur la crête au Nord de Cagny et engager les tanks qui avancent. Ne vous occupez pas de ceux qui sont déjà partis vers le Sud. Frappez leur flanc, c'est ainsi que vous les arrêtrez >>. Le capitaine répond impassible << Je m'occupe des avions ennemis, combattre les chars c'est votre boulot. Je suis de la Luftwaffe >>. Cette-fois le  Major sort de ses gonds et dégaine son révolver qu'il pointe vers le jeune officier, alors que ce dernier s'apprête à tourner les talons. << Ou vous êtes un homme mort, ou vous serez décoré ! >>. Le capitaine réalise alors le sérieux de la situation.  <> Le Major l'entraine part la main jusqu'à un pré planté de pommiers au Nord de l'église de Cagny. << Placez vos canons dans ce verger, le blé est si haut qu'il vous camouflera. Tirez sur chaque tank que vous verrez. Je vais voir si je peux vous envoyer une section de grenadiers pour vous couvrir contre toute mauvaise surprise. Si la situation devient critique pour vous, détruisez vos pièces et décrochez vers le Sud, j'espère que notre bataillon de Tigre sera bientôt capable de monter une contre-attaque depuis la droite. Avec eux et vous, nous seront capables d'écraser l'attaque ennemie, particulièrement si les tanks ne sont accompagnés par l'infanterie, ce que je crois. Je serai de retour dans une demie heure. Tout est clair? >> Après une brève hésitation le jeune officier répond: << D'accord Major >>.

  Les chars que von Luck à vus passer à l'Ouest de Cagny appartiennent aux A&B Squadron du 2nd Fife & Forfar de la 11th Armoured Division, ils progressent  en direction du Sud, vers la deuxième voie ferrée et de Soliers. Mais le C Squadron, expose son flanc aux pièces de 88mm que le Major von Luck a fait mettre en place. A 10h15, elles ouvrent le feu. Les canons de 88 vont tirer salve sur salve, les obus sifflent au ras des blès et très vite, les chars britanniques brûlent dans la plaine, le premier touché est celui du Major Nieholl, puis celui du capitaine Miller  est détruit. Un survivant du C Squadron John Thorpe racontera qu'il voit des flammes sortant des tourelles et des hommes transformés en torches qui sautent des blindés en feu. Les Sherman remplis de munitions explosent et de grosses volutes de fumée noire montent dans un ciel sans vent. Le C Squadron est quasiment anéanti, ses restes seront rattachés au 23rd Hussars. Après ce  désastre les restes du 2 Fife & Forfar Yeomanry et du 23rd Hussars, vont poursuivre leur route vers la deuxième voie ferrée, qui sera traversée vers 11h. Ils arrivent devant Soliers à midi.

  De retour à son PC, à Frénouville, Hans von Luck apprend que les Tigre et les Panzer IV ont été durement touchés, certains ont été projetés dans les entonnoirs de bombes. Le Major Becker est présent, il dit à von Luck que l'une de ses batteries est détruite ( celle de Demouville), mais que deux d'entre elles sont intacts; elles appuieront le I/125. Les deux autres batteries interviendront aux côté du Major Kurz qui établi de lui-même un front défensif avec son IIe bataillon (le II/125). Le capitaine Liebeskind rentre du PC du général Feuchtinger, et annonce au  Major von Luck que le groupe de reconnaissance de la division ( la Pz-Aufkl-Abt-21) commandée par le capitaine Brandt (qui remplace le Major Waldow tué le 7 juin) viendra appuyer le Gruppe Luck; il sera engagé sur l'aile gauche pour prendre contact avec le II/125 du Major Kurz. Von Luck, place alors tous ses espoirs sur la batterie de Flack à Cagny et sur les quatres batteries du Major Becker. Ce sont ces cinq batteries qui vont jouer un rôle essentiel dans le combat antichar, détruisant des dizaine de tanks britanniques, freinant de manière significative la ruée des chars de Montgomery. Cinq batteries face à un millier de chars. L'équilibre est plus que précaire.

  Les canons d'assaut du Major Becker appuient ceux de la Flack de Cagny et tirent avec leurs pièces de 7,5cm et 10,5cm sur tous les chars qui dépassent la localité. A 10h30 une des batterie de Becker, installée au hameau du Prieuré ( la 5e), a accroché durement des éléments du 23rd Hussars et doit décrocher sur Four, au Sud de la seconde voie de chemin de fer. Hans von Luck retourne  voir les artilleurs de la batterie de Cagny pour se rendre compte de leur action. Les servants de la Luftwaffe sont fiers de leurs engagements et n'ont perdu aucune pièce. Ils affirment avoir détruits 40 chars ( il n'y a en realité que 16), car ce n'est que le C squadron du 2nd Fife & Forfar Yeomanry qui est tombé sous les coups. Von Luck les félicitent et leur donne huit grenadiers en renfort. A 10h15, à l'Ouest sur l'aile droite de la 11th Armoured Division les troupes du Monmouthshire Regiment, ont pris Cuverville et se mettent en route pour Démouville. L'infanterie de la division prend un retard considérable par rapport aux colonnes de chars.

10h30: Prise du Mesnil-Frémentel:

  Après avoir franchi la première voie ferrée, le 3 RTR fonce droit sur le hameau du Mesnil-Fromentel, le colonel Hunter, commadant le régiment contourne le bourg par l'Ouest et envoie un groupement tactique pour la capture. Celui-ci est composé par la 8th Rifle Brigade sous le commandement du Brigadier Roscoe Harvey. En tête la compagnie d'appui (Support Company) du 8th RB qui dispose de deux sections de mitrailleuses montées sur des chenillettes. Puis vient ensuite le 199th Anti-Tank-Artillery, un groupe de véhicules blindés du Génie, sur les ailes, pour l'encadrement du groupement tactique, un Squadron du 22nd Dragoon ( une compagnie de chars Flails pour le déminage).

  Après avoir suivi le 23rd Hussars jusqu'à la voie ferrée, le Brigadier Harvey, ordonne à Tony Rowan ( commandant le Support Company) de dépasser le 23rd Hussars durement accroché par l'une des batteries du Major Becker à la hauteur du Prieureré, pour foncer sur Le Mesnil-Fromentel. Le hameau est tenu par un bataillon très touché par le bombardement: le I/125 avec trois de ses compagnies de grenadiers, dont la 3/125 commandée par le lieutenant Brandomir. Les chenillettes équipées de mitrailleuses du 8th Rifle Brigade Group, avancent  en tête, les chars Flails sont en couverture sur les flancs, en arrière les autres unités suivent. A 10h30, les mitrailleurs mettent pied à terre, couverts par les mitrailleuses des Flails, Le Mesnil-Fromentel est nettoyé vers 11h30. Les hommes du 8th Rifle Brigade, rassemblent 134 prisonniers, parmi eux se trouve le lieutenant Gerhardt Brandomir avec les quelques survivants de sa 3e compagnie. Elle avait subie de lourdes pertes face aux éléments de la 8th Rifle Brigade. Le lieutenant Brandomir avait décidé de se replier vers le Sud. Alors qu'il tentait de rejoindre le PC du régiment à Frémouville, lui et ses hommes s'étaient caché dans un champs de blés pour attendre la    nuit. Mais le feu rasant des mitrailleuses de chars Flails, ne cessait de faire des victimes parmi ses hommes, sans armes antichar et avec des effectifs réduits au minimum, il ordonne la réddition. Vers midi la guerre est finie pour lui.

  Au même moment, la Seconde Armée britannique apprend par un rapport que l'offensive se déroule bien. La 11th Armoured Division du général Roberts, approche de la crête de Bouguébus avec ses blindés. La résistance allemande est défaite. Un rapport identique arrive au War Office à Londres signé de Montgomery et annonce qu'une conférence de presse sera donnée en fin d'après-midi. Mais  les Britanniques allaient bientôt déchantés, l'offensive victorieuse n'allait pas tarder à s'effondrer.  Une fois la seconde voie de chemin de fer ( Caen-Paris ) traversée les choses allaient changer. Le bombardement aérien avait été moins soutenu, son effet psychologique moins décisif. En outre les Allemands cantonnés dans cette région étaient hors de la portée des 700 canons d'artillerie britanniques stationnés sur la rive gauche de l'Orne. Les nouvelles qui arrivent du front sont plutôt bonnes. Le Mesnil-Fromentel est tombé avec le PC du I./125 et une centaine d'Allemands ont été capturés. En revanche l'infanterie britannique se trouve encore très en arrière. Elle se bat dans Démouville. Les chars se retrouvent sans protection, avec en face d'eux une douzaine de villages de la crête de Bourguébus, où les Allemands s'y sont constitués "en hérisson". Impossible pour les chars de prendre de tels villages. Les Allemands en sont parfaitement conscients et attendent l'ennemi fermement.

  Alors que les blindés font route vers la crête de Bouguébus, ils sont  pris à partie par les batteries du Major Becker qui surgissent d'un boqueteau sur la gauche des Britanniques. En quelques minutes la plupart des chars d'un des groupes de tête du 3th RTR sont détruits. Ce sont des pièces antichars et une dizaine de StuG du Major Becker du 3./200 qui viennent    d'accrocher depuis Grentheville les colonnes de  Sherman de tête. Pour échapper à la menace de ce point d'appui, les blindés de tête obliquent sur la droite vers 11heures et utilisent un pont passant sous la voie ferré et continuent leur progression en direction du Sud-Ouest. Les auto-mitrailleueses quatre roues motrices Humber du 11th Hussars arrivant en pointe du VIIIe Corps,  parviennent à franchir le dispositif defensif allemand et atteignent la route de  Falaise. Les Allemands les ont sûrement laissés passer, afin de ne pas dévoiler leur dispositif et réservent leur feu pour les blindés qui arrivent

 

                     Carte 

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Pendant l'opération Goodwood, le lieutenant Brandomir du 3/125 (bras tendu) et le major Hans von Luck au centre. Brandomir sera fait prisonnier par les Britanniques après la prise du Mesnil-Frémentel. (Bundesarchiv).

                             Brandomir

                                      Le lieutenant Gerhardt Brandomir.

A SUIVRE.

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