Hubert Faure, Jean Morel et Leon Gautier les trois derniers membres du commando Kieffer
A l'heure des commémorations du 75è anniversaire du D-Day, je voudrais rendre hommage aux trois derniers membres encore en vie du célèbre commando Kieffer. Avec leurs 174 frères d'armes ils ont débarqués sur la plage de Sword devant Colleville-Montgomery le matin du 6 juin 1944.
Hubert Faure 105 ans.
Natif de la Dordogne, il est né le 28 mai 1914. En 1934 il s'engage comme sous-officier au 22e régiment de Dragons de Pontoise, puis devint instructeur à Paris. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate Hubert Faure sert dans un régiment de chars de combat, placé en réserve derrière la ligne Maginot, il va prendre part à la bataille de Montcornet (Aisne) le 17 septembre 1940. Fait prisonnier en juin 1940, il parvient à s'évader et retrouve les forces Françaises lorsque l'armistice est signéé. Peu après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, Hubert Faure décide de rejoindre les FFL en Angleterre. Passant par l'Espagne il va se retrouver prisonnier dans les géôles franquistes, mais s'évade encore une fois et rejoint le Portugal, avant de pouvoir arriver en Angleterre. Hubert Faure se porte volontaire pour les commandos français sous les ordres du commandant Philippe Kieffer. Bénéficiant d'une bonne forme physique et d'une expérience militaire, il est vite remarqué par l'encadrement du stage des commandos d'Achnacarry en Ecosse
Parvenu au bout du rude entrainement, il est breveté commando portant le badge n°134 nommé maitre-principal il dirige une section de la Troop 1. A la tête de ses hommes, Hubert Faure débarque le 6 juin sur la plage devant Colleville-sur-Orne (nom de l'époque). Encore dans l'eau un obus de mortier explose tout près et le souffle lui décroche la plèvre, crachant du sang il continue néanmoins à combattre. Sur la plage la progression est difficile et les défenses allemandes s'accrochent, Alors que le commandant Kieffer part pour détourner un chars afin d'appuyer les commandos, c'est le maitre-principal Faure qui dirige les forces en présence et les tirs de destructions. Sa progression va le mener tout d'abord à Bénouville pour faire la jonction avec les commandos parachutistes du major Howard tenant Pégasus Bridge, puis à Amfreville où ils resteront plusieurs semaines, devant tenir bon face à plusieures incursions ennemies. Bléssé par un eclat d'obus, la plaie s'infecte et le maitre-principal Faure est rapatrié en Angleterre le 7 juillet. Rétabli il revient en Normandie le 15 août puis rejoindra ses hommes aux Pays-Bas. Après la guerre redevenu civil Hubert Faure reprend ses études et deviendra ingénieur en travaux publics.
Titulaire de la Croix de Guerre avec palme, il sera promu commandeur de Légion d'honneur en 2008, puis par un décret présidentiel de 2014 Grand officier de la Légion d'honneur, la décoration lui est remise par l'amiral Philippe de Gaulle, fils du général.
Hubert Faure. (Alsace1944)
(paris.fr)
Décembre 2014, l'amiral Phlippe de Gaulle vient de décorer Hubert Faure. (sudouest.fr)
Jean Morel 97 ans
Né à Paris le 27 septembre 1922 , Jean Morel est âgé de 17 ans lorsque la guerre éclate en 1939, il est alors étudiant à l'école des Mousses pour préparer son entrée dans la Marine nationale. Refusant la défaite, le jeune homme quitte la France avec 31 de ses camarades le 2 juillet 1940 dans le port de Carantec s'embarquant sur un navire en partance pour l'Angleterre. Deux jours plus tard il arrive à Plymouth, et s'engage immédiatement dans les forces navales françaises libres, il sert succesivement sur le patrouilleur auxiliaire "La Reine des Flots"puis à bord de l'aviso "Arras"
C'est la rencontre avec Philippe Kieffer qui va décider du destin du jeune matelot, ce dernier lui propose de rejoindre la toute nouvelle unité des commandos français. N'hésitant pas il s'engage de nouveau avant de suivre un entrainement poussé à l'école des commandos britanniques d'Achnacarry dans la lande écossaise. Formé à la base en tant qu'opérateur radio, Jean Morel va intégrer à la demande du commandant Kieffer la Troop 1, le 14 juillet 1942, il défile à Londres, au sein du 1er bataillon de fusiliers-marins commandos devant le général de Gaulle et l'amiral Muselier. Il prend également part à plusieurs raids sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique. En vues d'opérations spéciales futures, Jean Morel suit une formation de parachutiste, mais toutes les missions sont finalement abandonnées. Avec ses compagnons d'armes il quitte la Grande-Bretagne le 5 juin 1944 sur la barge n°527. Le lendemain matin, alors les embarcations arrivent devant la plage, des explosions d'obus de mortiers les obligent là manoeuvrer brusquement, Jean Morel qui se prépare à descendre par la rampe de l'embarcation perd l'équilibre et tombe lourdement chargé dans l'eau entre les deux transports de troupes 523 et 527. Echappant de peu à la noyade, ayant perdu son fusil l dans l'eau, il parvient à atteindre la plage et la traverse rapidement rejoignant les autres commandos qui doivent laissés leur sacs pour s'alléger avant de poursuivre la progression. Le 18 juillet dans la région de Bavent il est blessé par balles au ventre et à la jambe, évacué, il ne revient jamais aux commandos. Après une longue convalescence Jean Morel est démobilisé à Cherbourg en 1946.
De retour dans le civil, il exerça plusieurs métiers. Longtemp après la guerre, il ne parla jamais de son appartenance aux commandos, silence qui fut rompu en 1983, depuis il s'est rendu chaque année aux comémorations. Vivant à Saint Malo, en 2014 la ville lui décerne le titre de "Malouin de l'année"à l'occasion du 70e anniversaire du Jour-J. Toujours en 2014, Jean Morel à reçu les insignes d'Officier dans l'ordre de la Légion d'honneur. L'ancien béret vert est décédé le 24 novembre 2019 à 97 ans.
Jean Morel (1922 - 2019). (opex360.com)
(francais.libres.net)
Leon Gautier 96 ans.
Léon Gautier est né le 22 octobre 1922 à Rennes. Lorsque la guerre éclat, il travaille en tant qu'apprenti carrossier, voulant faire son devoir, son jeune âge est un frein, seule la Marine nationale peut l'acceuillir. Affecté en qualité de canonnier à bord du cuirassé Courbet, il participe à la défense du port de Cherbourg. Après l'armistice de 1940, le cuirassé fait route vers l'Angleterre, pour rejoindre les FFL, il sera utilisé comme navire antiaérien pour la défense de Portmounth. Engagé volontaire dans les Forces Navales Françaises Libres, le 13 juillet 1940 jeune breton sert à bord du navire "Le Galois" transportant du minerai à travers l'Atlantique. Par la suite il est volontaire pour servir à bord du sous-marin "Le Surcouf" jusqu'en 1941, avant d'être muté fusilier-marin. Il entend parler de la création d'une unité d'élite anglaise ouverte aux Français et décide d'y tenter sa chance. Après avoir été retenu aux sélections, notamment après le stage d'Achnacarry, Leon obtient son brevet de fusilier-marin commando il intègre la Troop 8 du 1er bataillon de fusiliers-marins commandos.
En 1943, il fait la connaissance d'une jeune femme, Dorothy Banks, travaillant aux services des postes et télégraphes, ils se fréquentent quelques temps avant de se fiancer. Le 6 juin 1944, la Troop 8 débarque sur la plage de Colleville-sur-Orne et doit s'emparer de différents points d'appui allemands le long du rivage. Vers 11h30 les commandos se rassemblent et font route en direction de Bénouville, avant de s'établir sur la commune d'Amfreville. Ils y restent 78 jours. Les commandos terminent la bataille de Normandie à Saint-Maclou dans l'Eure, puis sont rapatriés en Angleterre. Peu après son retour le jeune soldat se blesse à une cheville, la rééducation lui fait manquer les combats du 1er BFMC sur le front hollandais Redevenu civil après la guerre Leon Gautier travaille pendant sept ans en Angleterre avant de s'installer en Afrique au sein de la Compagnie française de l'Afrique occidentale. Lorsqu'il revient en France, il décide de reprendre des études de droit, puis exercera le métier d'expert automobile. Resté discret sur son passé militaire, il sera un des protagonistes de la création du musée dédié aux commandos français à Ouistreham . Ses deux filles et sa femme s'impliquent également dans le projet qui fini par aboutir en 1982 avec la création du "N°4 Commando". Installé définitivement à Ouistreham, Leon Gautier dédie l'intégralité de sa retraite à la mémoire des commandos français. il participe activement aux commémorations retrouvant chaque années ses anciens compagnons d'armes, qui hélas sont de moins en moins nombreux au fil des années. il est aussi solicité par beaucoup de communes normandes qui donnnt son nom à des rues ou des bâtiments, comme l'école primaire de Colleville-Montgomery. Depuis quelques années il s'était lié d'amitié avec Johannes Börner, un vétéran allemand de la Bataille de Normandie qui étaint installé à Ouistreham depuis 1969. Voeuf depuis mars 2016, Leon Gautier à été élevé à la distinction de Commandeur de la Légion d'honneur en août 2016.
Leon Gauthier ( calvados.gouv.fr)
(francebleu.fr)