La bataille de la crête de Verrières. 19-25 juillet 1944.
Cette bataille devait permettre de déssérer la pression allemande autour de Caen et s'inscrivait dans le déroulement en parallèle des opérations "Atlantic" (18-21 juillet) et "Spring" (25-27 juillet). L'objectif des forces Anglo-canadiennes était de débarrasser la Crête de Verrières des derniers défenseurs allemands qu'y étaient retranchés après le repli de Caen. Située à 8km au sud de Caen cette position surélevée offrait la vue sur les plaines entourant la ville et sur la route Caen-Falaise. Initialement prévue pour le Jour J, les assaillants ne purent prendre la ville, puissament défendue, une guerre de position va alors commencer. Montgomery déclenche le 11 juillet l'opération "Charnwood", mais ses forces se heurtent au Ier corps blindé SS, de Josef "Sepp" Dietrich. La semaine suivante une nouvelle tentative est lancée, il s'agit de "Goodwood" qui aboutira finalement à la chute de Caen. Après Caen les Anglos-canadiens se tournent alors vers Falaise, mais la crête de Verrières se trouve sur leur chemin, où s'est établi le Ier corps blindé SS. L'artillerie de la 2nd British Army, installée sur la crête voisine de Bourguébus va alors en vain tenter de déloger les SS de leur perchoir.
Deux divisions d'infanterie et une brigade blindée du 2e corps blindé canadien seront chargées de nettoyer les alentours de Verrières. Une grande partie de l'attaque va reposer sur les épaules de la 2nd Infantry Division canadienne qui possède des effectifs frais mais inexpérimentés et les chars de la 2nd Canadian Armoured Brigade La 3nd Infantry Division canadienne qui à souffert de pertes importantes depuis le Jour J sera quant à elle en charge du soutien. Trois divisions du Ier corps britannique seront affectées et bien que ces divisions soient plus expérimentées, elle ne joueront qu'un rôle mineur dans l'opération. Alors que les troupes britanniques tentaient de s'emparer de Caen, les éléments du Ier corps blindé SS se retranchent le long de la crête de Verrières. Malgrè une faible proéminence la topographie du promontoire est telle que les assaillants seront exposés au feu ennemi, provenant de l'autre rive de l'Orne, de la crête et du hameau proche de Saint-Martin-de-Fontenay. Deux divisions blindées SS la 12e et la 1ere "Leibstandarte Adolf Hitler" occupent la crête avec de l'artillerie, des chars Tigre enterrés et des mortiers. Une autre division blindée la 9e "Hohenstauffen" se tient en réserve, avec la 272e ID et la 116e divison blindée, accompagnées d'un bataillon de chars lourds Tigre.
Le 19 juillet dans la continuité de "Goodwood" le Calgary Highlanders de la 2e DI canadienne tente de s'emparer de l'éperon nord de la crête de Verrières, mais l'avance est limitée par de redoutables tirs de mortiers ennemis. Sur le point 67, plusieurs mitrailleuses allemandes sont réduites au silence par les blindés canadiens du "Sherbrooke Fusiliers" qui soutien l'attaque. Sous le feu ennemi, les hommes du Calgary réussisent néanmoins à se retrancher dans les positions nouvellement acquises. Deux brigades d'infanterie les 5e et 6e vont alors lancer plusieurs contre-attaques, mais seront repoussées sans ménagement, par de petits assauts ennemis d'infanterie et de blindés. Les furieux combats causeront d'importantes pertes chez les Canadiens.
le lieutenant- général Guy Simmonds, commandant le 2e corps blindé, programme pour le lendemain une offensive visant à prendre la rive orientale de l'Orne et les pentes principales de la crête de Verrières. Cette attaque s'inscrit alors dans le cadre de l'opération "Atlantic". et engagera le "South Saskatchewan Regiment soutenu par des unités du "Cameron Highlanders". Le 20 juillet les Highlanders investissen Saint-André-de-l'Orne, mais de violentes contre-attaques d'infanterie et de blindés les repoussent. Pendant ce temps là le "South Saskatchewan Regiment" sous une pluie diluvienne monte les pentes de la crête de Verrières, soutenu par des chars et des chasseurs d'attaques au sol "Hawker Typhoon". Le terrain boueux conjugué au ciel bouché rend le support aérien inefficace et les Allemands lancent deux divisions blindées en contre-attaque qui repoussent les Canadiens au-delà des positions du bataillon de " l'Essex Scottish" en soutien, lui-mêne attaqué par la 12e SS Panzerdivision. L'attaque du général Simmonds se solde par un échec avec des pertes importantes. "L'Essex Scottish" perd 300 hommes et le "South Saskatchewan Regiment" enregistre la perte de 282 hommes hors de combat. Sur le versant ouest de la crête le Ier corps blindé SS engage les forces britanniques dans la plus grande opérations de chars de toute la bataille de Normandie.
Ce revers cuisant ne décourage pas le général Guy Simmonds, qui considère toujours comme prioritaire la prise de la crête de Verrières et envoie dès le lendemain (21 juillet) le "Black Watch" et le "Calgary Highlanders" stabiliser le front. Les blindés du Ier corps SS allemand sont contenus par de petites contre-attaques des deux unités,. Au terme de l'opération les Canadiens ont reussis à pendre pied sur la crête de Verrières et tiennent la côte 67. Facent à eux quatre divisions allemandes déterminées tiennent toujours la crête .
La prise de Caen, le 19 juillet rend désormais possible une percée anglo-canadienne sur la crête de Verrières. Tandis que dans le secteur américain, le général Omar Bradley s'apprête à lancer l'opération "Cobra", Le général Guy Simmonds prépare le lancement de l'offensive "Sping". Conçue initialement par le field-maréchal Montgomery, cette opération a pour but d'immobiliser le plus de forces allemandes possible dans le secteur de Caen pour faciliter le déroulement de "Cobra". Simmonds va changer l'objectif de l'opration "Spring" et va tenter une percée aux travers des lignes allemandes. En s'emparant de la crête de Verrières le général canadien pourrait aisément lancer des attaques de blindés et d'artillerie à partir de son flanc sud pour repousser les Allemands le plus loin possible. Ceci devrait dégager la route Caen-Falaise et permettre aux deux divisions blindées britanniques de pousser vers le sud de Falaise.
"Spring" doit se dérouler en quatres phases parfaitements minutées. Les troupes des "Calgary Highlanders" devront attaquer la crête de Bourguébus et May-sur-Orne pour sécuriser les flancs de l'assaut principal. L'attaque majeure sur la crête de Verrières sera conduite par le "Black Watch" qui sera soutenu par la 7e division blindée britannique et la 4e division blindée canadienne. Prévue de débuter le 23 juillet à l'aube, de mauvaises conditions météorologiques, l'opération "Spring" est retardée de quarante-huit heures. Ce contre-temps va permettre aux Allemands du Ier corps blindé SS de recevoir le renfort de quatre bataillons de chars, soit 480 blindés et 500 pièces d'artillerie supplémentaires. Les Alliés ayant interceptés le message grâce au décodage "Ultra" préviennent immédiatement le QG du général Simmonds qui ne semble pas en tenir compte.
L'attaque débute donc le 25 juillet avec deux jours de retard sur le plan initial. Cependant dès le début de l'offensive tout va de travers, le "Black Watch" aurait du commencer son assaut sur la crête de Verrières à 5h30, mais le chemin des troupes qui doivent se rendre sur un lieux de rassemblement aux environs de Saint-Martin-de-Fontenay est sous le feu des Allemands. Les canadiens arrivent au point de rassemblement un peu avant 8h. Pendant le trajet, le commandant et son second sont tués et c'est le major Phil Griffin de 24 ans qui va assurer le commandement. A 8h30 il est rejoint par le brigadier-général W. J. Megilland, Les chars devant assurer le soutien ne sont toujours pas parvenus au point de rassemblement, et malgrè celà la décision de poursuivre est prise.
A 9h30, les forces canadiennes qui attaquent les pentes de la crête de Verrières sont sous le feu des mitrailleuses, mortiers, chars, canons antichars de 88mm et lance-roquettes multiples "Nebelwerfer". Après seulement quelques minutes de combat les communications du "Black Watch" sont coupés et quelques hommes parviennent à atteindre la crête, mais sont pris sous le feu encore plus forts lorsque se produisent les contre-attaques des 272e ID et du kampfgruppe Serz de la 9e SS Panzerdivision "Hohenstaufen". Sur les 325 hommes présents sur le point de rassemblement initial, 315 sont tués, blessés ou capturés. Le "Black Watch" perd tous ses officiers supérieurs et deux compagnies sont presque entièrement décimées. Cette journée du 25 juillet sera considérée comme étant la plus sérieuse en pertes enregistrer par une unité canadienne depuis le raid sur Dieppe en août 1942.
L'ensemble du terrain conqui par le "Black Watch" et le "Calgary" est perdu lors des contre-attaques suivantes. Elles causeront des pertes sérieuses aux Highlanders et à la compagnie de soutien du "Black Watch" jusque-là épargnée. La partie centrale de la Crête près du village de Verrières est finalement prise par le "Royal Hamilton Light Infantry". Sur la partie orientale les gains de terrain gagnés seront reperdus, malgrè que deux brigade blindées britanniques parviennent sécuriser les gains proches des positions du "Royal Hamilton Light Infantry".
L'incapacité a prendre la crête ne causera pas de grandes gênes aux autres opérations. Lancée dans un même temps en secteur américain "Cobra" est un succès, obligeant les Allemands à déplacer des forces importantes. Deux des divisions blindées présentent dans le dispositif de la crête sont retirées pour aider à repousser les forces américaines. L'affaiblissement progessif des défenses allemandes, va permettre aux Alliés d'enlever la crête, au cours des opérations suivantes, elle tombera aux mains des Alliés lors de l'opération "Totalize" le 8 août.
Les pertes alliées enregistrées au cours de la bataille ne furent jamais publiées, mais elles peuvent être déduites des pertes des deux opérations la constituant. Pour "Atlantic" ont estime les pertes à 1 349 blessés ou capturés dont 300 morts, en ce qui concerne "Spring", le chiffre atteint 500 tués auxquels viennent s'ajouter 1 000 blessés ou prisonniers. Après la guerre le rapport officiel du général Simmonds sur la bataille sera publié et attribua l'échec à un << renforcement de la 11e heures >> des forces allemandes et aux << erreurs stratégiques du major Phillip Griffin et du "Black Watch" >>. Mais aux vues de certains documents militaires déclassifiés récement, il apparait que le général canadien et d'autres officiers de hauts rangs avaient été avertis du renforcement allemand du 23 juillet. Certains historiens accusent Guy Simmonds d'avoir été négligeant avec la vie de ses hommes, d'autres affirment qu'étant donné la forte pression à laquelles les commandants alliés étaient soumis afin de percer hors de Normandie, Simmonds n'avait probablement que peu de lattitude dans ses décisions.
Néanmoins "Spring" avait parfaitement jouer le rôle qui lui étaut assigné à savoir retenir loin du front américain le maximum de forces ennemies et contribua de ce fait au succès de l'opération "Cobra". Les lourdes pertes canadiennes ne firent donc pas l'objet d'une enquête. La bataille pour la crête de Verrières ne permit pas aux Alliés d'exploiter la prise de Caen, des forces importantes furent prélevées et envoyées sur le front américain, afin d'exploiter la percée de Bradley. la prise de la Crète fut effective pendant l'avance alliée subséquente.
Le lieutenant-général Guy Simmonds commandant le 2e Corps canadien.
Ecusson de la 2nd Infantry Division canadienne.
Badge d'identification des véhicules de la 2nd Infantry Division canadienne.
Ecusson du 2nd Canadian Corps.
Insigne des Calgary Highlanders.
Le 26 juillet un char britannique du Royal Tank Régiment en reconnissance à Maltot, le lendemain de l'opération "Spring".
2nd Canadian Armoured Division.
Insigne du "South Saskatchewan Regiment" Cette unité à souffert de nombreuses pertes lors des combats de la crête de Verrières.